L’art du piano solo

Le programme du Sunnyside Festival propose 3 concerts piano solo. Tout un art.

3 musiciens, 3 profils parcours différents, 3 moments différents d’une carrière. Le belge Bram de Looze, l’américain Brad Mehldau et le français Alain Jean-Marie sont à l’affiche du Sunnyside Festival dans un exercice dans lequel ils excellent chacun : le piano solo.

Peu d’exercices de style permettent d’aller si loin dans l’intimité avec le musicien : son toucher, ses émotions, ses humeurs.

Parmi les maitres en la matière, Keith Jarrett évidemment : ci dessous un extrait d’une longue interview qu’il donnait voici quelques années sur son travail en solo

"Laissez-moi voir comment vous jouez"

Tout au long de cet album à venir, le batteur et producteur basé à Chicago fait souffler un vrai vent de renouveau sur les classiques Blue Note d’Art Blakey, Dexter Gordon et Kenny Dorham, entre autres. Deciphering The Message sortira le 19 novembre.

L’attente est particulièrement grande parce que Makaya McCraven s’est fait une spécialité du sample en échantillonnant des enregistrements live de son groupe lors de sessions improvisées pour les travailler en studio pour venir les réintégrer en les insérant sur l’enregistrement original.

Le résultat peut différer d’une proposition à l’autre en terme d’harmonie s’il s’agit de musique – ou d’humeur. Mais ces humeurs ne sont que des manifestations de surface. En profondeur, il n’y est pas question d’humeurs du tout. Ce sont plus des histoires d’hydraulique et de viscosité, qui se déroulent dans ces profondeurs d’où tout provient. Je crois qu’une des raisons de la concision des pièces dans mon concert du Carnegie Hall, par exemple, c’est la concentration que chacun manifestait dans la salle et aussi la certitude qui m’habitait de parvenir à exprimer ce que j’avais en tête. Parce que quand on improvise, si on est submergé par tout un tas d’éléments qu’on n’arrive pas à focaliser, alors on ne sait pas ce qu’entend vraiment le public. Non pas qu’on ait besoin de le savoir, mais c’est une chose très agréable d’avoir cette sensation... On a tendance à jouer jusqu’à ressentir qu’il n’y a plus de nécessité à faire long… En tant qu’improvisateur, comme on peut faire ce qu’on veut, le truc c’est d’aller jusque-là où l’on ne sent plus le public avec soi d’une façon ou d’une autre. Des fois, c’est autre chose : on commence à jouer quelque chose de mélodique ou une figure ou un motif qu’on ne croit pas avoir jamais travaillé auparavant. C’est en partie dû à l’environnement, la salle de concert, le piano. Et pour une raison ou une autre, on ne peut pas aller plus loin – parce que pour creuser cette humeur on ressent qu’il faudrait plus de temps pour que le propos puisse gagner en maturité…Un de mes ostéopathes m’a demandé : « Laissez-moi voir comment vous jouez. » Je l’ai fait et il m’a dit : « Vous savez, il vous serait très profitable de respirer ? » [rires] Je me suis récrié : « Oh, parce que je ne respire pas ? », et il m’a assuré : « Sans doute pas assez. Je suis sûr qu’un peu plus d’oxygène pourrait vous aider. »

Rendez-vous au Sunnyside

Rendez-vous donc au Sunnyside Festival pour 3 concerts solo piano : Alain Jean-Marie (mardi 12 octobre), Bram de Looze (mercredi 13 octobre) et Brad Mehldau (vendredi 15 octobre).