Exposition Jean Mosambi

Le sérigraphe Jean Mosambi présentera pendant le Sunnyside Festival une sélection de son travail autour du jazz.

Il ne vous 

Jean Mosambi, la culture du "poster gig"

Il ne vous a pas échappé que Jean Mosambi a réalisé l’identité graphique de cette édition du Sunnyside Festival. Il ne vous a pas non plus échappé que cela fait plusieurs années que nous avons créé un compagnonnage avec cet illustrateur et sérigraphe installé dans un petit village des Pyrénées.

Nous aimons beaucoup son travail pour plusieurs raisons : c’est beau, il a une vraie passion pour les musiques afro-américaines et tout particulièrement le jazz, il a une vraie culture du « poster gig » (une affiche réalisée spécialement pour un concert unique).

Déjà l’année dernière, il était présent sur le Sunnyside Festival pour présenter et vendre 12 sérigraphies originales spécialement imaginées, sérigraphiées en série limitée pour 12 dates du festival. Ce sera une nouvelle fois le cas cette année.

Interview de Jean Mosambi par Pilule

L’excellent magazine Pilule interviewait Jean Mosambi voici quelques temps, nous nous permettons de lui emprunter cette échange. 

 

Comment as-tu commencé à utiliser le vintage ?
En 2010, je vis à Istanbul. Pour garder contact avec mes amis, je leur envoie des missives musicales sous forme de compilations, les Ten Songs A Week. Pour chaque compil’, je confectionne une pochette à la manière de. Le label de jazz Blue Note me sert de repère mais aussi ma manière d’apprendre à me servir de la base des logiciels de graphisme. Puis, je rentre en France et propose mes services comme graphiste musical à des structures culturelles.

 

Tu parles du label Blue Note. Qu’est-ce qui t’a intéressé dans leurs pochettes ?

La charte graphique. La bichromie est une contrainte technique et ça fonctionne très bien. Avec le temps, cette inspiration est passée. Même si je suis encore imprégné de son code graphique, je me suis tourné vers d’autres labels, comme Columbia, avec Alex Steinweiss (1917-2011) et Verve avec David Stone Martin (1913-1992).

 

Pour toi, le vintage a-t-il une signification ?
Le terme vintage me paraît daté. Même si aujourd’hui le terme de rétro est plus utilisé. Mais bon… c’est un mot pour un autre. Et puis vintage s’utilise pour tout et n’importe quoi. On dit « ça, c’est un vélo vintage ! ça, c’est un meuble vintage ! ». Mais il n’est pas employé pour un film ancien. Personne ne va dire « tiens, je suis allé voir un film vintage ». [rires] Dans mon activité, j’évoque plus volontiers des catégories temporelles en me référant à des périodes graphiques, typographiques bien définies.

 

Donc le vintage demeure une source d’inspiration importante ?
Bien entendu. Même si je reste attentif à ce qui se produit aujourd’hui. Ce que j’aime c’est regarder le rendu des textures, les effets d’impression. Les pratiques de telle ou telle époque, les contraintes liées aux problèmes techniques. J’apprécie lorsque le trait n’est pas tout à fait net, lorsqu’il y a des bavures d’encre ou toutes sortes d’accidents qui confèrent à la matière une certaine matérialité. Après, cela dépend de la commande, mais, souvent, quand on s’adresse à moi, c’est pour retrouver un esprit qui vient d’une autre époque.Juste un esprit ?

 

Refaire à l’identique ne t’intéresse pas ?

Si, justement. Parce que c’est amusant de faire croire. Parfois, je fabrique des fausses pubs, des fausses pochettes de disque. Je pense aux compilations de mes débuts, les Ten Songs a Week. J’ai eu l’occasion de le refaire récemment avec le groupe l’Entourloop, en faisant des 45t dans le style macarons jamaïquains des années 60 et 70.

 

Quelles sont tes sources, tes influences ?
En format édition, Custom Lettering où les lettrages des vieux magazines et des Comics sont répertoriés par années. Taschen aussi avec leur Volume 1 Graphic design 1890-1959 dédié aux affichistes. À une période, je m’intéressais beaucoup aux affiches de voyages, de transports, ferroviaires, maritimes, aériens. En France j’ai beaucoup cherché autour de Bernard Villemot (1911-1989), de Raymond Savignac (1907-2002) et de Cassandre (1901-1968), le maître.

 

Qu’est-ce qui t’intéresse chez ces affichistes ?
Leurs affiches frappent l’œil, happent le regard. C’est très inspirant. Je recherche ça dans mon travail. C’est aussi la période où le monde entre dans la grande consommation, dans l’information rapide.

Le vintage, 8 ans après tes premiers coups de crayon, est-ce que tu t’en écartes parfois ?
Si c’est un travail personnel, je vais d’abord revenir sur les iconographies que je connais bien et celles qui me plaisent. J’ai tout un répertoire d’archives, de données visuelles, de banques d’images que je garde précieusement, que je consulte, que j’enrichis et précise. C’est une source à laquelle je m’abreuve. Que ce soit pour les couleurs, l’agencement, la composition, les traitements, la texture ou les effets d’impression. Je dois dire que la sérigraphie m’a obligé à simplifier mon travail avec les couleurs. Aujourd’hui je tends plus vers l’illustration. C’est le cas avec mes dernières séries pour les affiches de concert de Cécile McLorin Salvant, Shabaka and the Ancestors, Eténèsh Wassié et Mathieu Sourisseau.

Jean Mosambi vs Great Black Music ?

C’est devenu une habitude, poser la questions suivante : « Pour toi, c’est quoi la Great Black Music ? » Jean Mosambi s’est prêté à ce petit jeu.
Au programme : Max Roach, Madvillain, Pharaoh Sanders et Gang Starr.